Rejet en mer des poissons sous taille légale

Taille Minimale du Bar,Periode de Fermeture de la Pêche du Bar,etc...

Rejet en mer des poissons sous taille légale

Messagede Hippolyte » Lun Fév 18, 2008 4:42 pm

Suivant les recommandations de la FAO, la Commission Européenne a enfin décidé de prendre des mesures pour lutter contre les rejets en mer. Elle vient d'être récemment approuvée sur ce point par le Parlement Européen. Plus rien ne semble donc pouvoir s'opposer à la mise en place progressive de ces mesures. De quoi s'agit-il ?

Les rejets sont la *équence des réglementations administratives qui limitent actuellement les débarquements de poissons : limitations en quantité (quotas annuels, hebdomadaires…) et limitations basées sur la taille des poissons (tailles minimales de capture).

Il y a tout d'abord un problème de langage qu'il faut clarifier pour ce qui concerne la pêche professionnelle en bateau. En français, on parle de taille minimale de capture alors même que ce n'est pas la capture qui est limitée mais le débarquement. Les Anglais utilisent un terme beaucoup plus adapté à la pêche professionnelle : celui de minimum landing size (MLS), qui veut bien dire, littéralement, "taille minimale de débarquement".

Entre la capture et le débarquement a lieu une opération qui ne bénéficie ni à la ressource ni à l'Homme : le rejet en mer.

Un voile pudique a longtemps été jeté sur cette pratique des rejets. Les marins-pêcheurs n'étaient pas particulièrement fiers de ce qu'on les obligeait de faire. Les administratifs se contentaient d'une mesure facile à appliquer. Les associations d'écologistes et de pêcheurs étaient contents de ne voir sur les étals que des poissons qui faisaient la taille légale ! Et pendant ce temps là, tous les jours, des dizaines de tonnes de poissons étaient rejetées, morts, à la mer. Ni vu ni connu ! Couvrez ce sein que je ne saurais voir !

Les rejets en mer vont être progressivement interdits. De nombreuses mesures d'accompagnement seront nécessaires dont on aura l'occasion de reparler. Cela veut dire que, pour une espèce donnée, tous les individus, même les plus petits, seront conservés et débarqués. Il sera seulement interdit de commercialiser ceux qui ne font pas une taille minimale. On redécouvre ainsi une expression jadis utilisée : la taille minimale de commercialisation.

On l'aura compris, il faudra réglementer sévèrement les pratiques qui conduisent à la capture de poissons sous taille minimale de commercialisation. Cependant, même en développant des techniques plus sélectives que celles d'aujourd'hui, on n'empêchera jamais que de petits bars soient capturés avec de gros bars, dans des chaluts à larges mailles, ou que de petits bars soient capturés comme espèce accessoire, dans des filets à petites mailles destinés à d'autres espèces.

Je prends l'exemple du bar parce que nous y sommes particulièrement sensibilisés. Tous les petits bars capturés finiront donc ainsi au rebut, pour nourrir des poissons d'élevage, par exemple, ce qui n'est pas plus mal que de finir en nourrissant les mouettes ou les bactéries qui décomposent les matières organiques.

Augmenter la taille minimale de commercialisation du bar reviendra alors à augmenter les quantités mises au rebut. J'aimerais qu'on réfléchisse bien à ce dernier point.

Il faudra surtout s'informer sur les mesures proposées et ne pas s'amuser à les caricaturer stupidement. Il est bien évident, par exemple, que toutes les techniques ne seront pas réglementées de la même façon. Le rejet ne sera certainement pas proscrit pour les techniques qui respectent l'intégrité du poisson capturé (pêche à la ligne traînante par exemple).

http://ec.europa.eu/fisheries/press_cor ... _15_fr.htm


A+
Dernière édition par Hippolyte le Lun Fév 18, 2008 6:50 pm, édité 1 fois.
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Messagede nonal » Lun Fév 18, 2008 6:33 pm

Très interessant en effet, mais il faut pouvoir connaître diverses choses :

:arrow: Les quotas prendront-ils en compte le poids des captures non commercialisable ? En effet, l'impact sur la biomasse ne serait plus le même si un bateau qui rejette actuellement 20%* des prises qui sont considérées comme invendables (car abîmées ou sous la maille) doit les conserver à bord et donc les débarquer et qu'ils comptent dans les quotas.
Pour être plus clair, le quotas ce sera 5 tonnes de bar y compris les "pertes" ou ce sera toujours 5 tonnes de bars commercialisable ?


:arrow: Comment contrôler les rejets ? Va-t-on mettre un planton sur chaque navire ou une caméra vidéo ? J'ai peine à croire que les rejets ne se feront pas sauvagement pour augmenter les volumes commercialisables. A l'ère de la haute technologie, un bateau de pêche sait bien souvent si un navire de contrôle traine dans le secteur. Un rejet de fond de chalut la nuit n'est pas non plus très facile à repérer...
Peut être un "quota de perte" moyen est-il envisagé, ce qui reviendrait à abaisser les quotas de prises commercialisables tout en imposant le débarquement des "fonds de chalut" (hors quotas de prise), afin de valoriser un peu mieux ce "rebus" ??

Il semble que cette décision veuille aller dans le bon sens... à surveiller donc :P

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Messagede Hippolyte » Lun Fév 18, 2008 8:12 pm

Nonal, les rejets sont actuellement difficilement quantifiables. Ils varient énormément avec les espèces, les techniques et les lieux de pêche. Les pêcheurs professionnels ne sont pas très bavards sur ce sujet.

J'ai suivi de très près une étude menée par des scientifiques anglais sur les rejets de bars par les chalutiers anglais. Les rejets variaient beaucoup avec les caractéristiques des chaluts utilisés mais surtout, et de façon très étonnante, avec les zones de pêche. Les rejets de bars étaient toujours suffisamment importants pour ces chercheurs recommandent au gouvernement anglais de ne pas faire passer la "MLS" (minimum landing size) du bar de 36 à 40 cm, comme cela avait initialement été prévu. Cette augmentation de la taille minimale de débarquement du bar aurait porté les rejets à des niveaux qui étaient jugés beaucoup trop importants (on aurait alors atteint près de 50 % de rejet de bars, en poids, dans certaines zones). C'est essentiellement cette étude qui a empêché le passage de la taille légale de débarquement du bar à 40 cm, en Angleterre, et non pas le lobby des pêcheurs professionnels, comme cela a été dit un peu trop schématiquement.

Ces chercheurs recommandaient en revanche l'interdiction des techniques de pêche destructrices dans les zones où les bars sous taille légale étaient abondants.

Si j'ai bien compris, l'interdiction des rejets devrait notamment permettre de mieux connaître les prélèvements effectués dans les ressources par les pêcheurs professionnels (quantités de poissons tués et non pas seulement vendus) permettant ainsi de mieux établir les quantités admissibles de capture (vendues ou pas) et les zones où certaines pratiques de pêche devraient être interdites.

Est-ce que les pêcheurs professionnels respecteront les nouvelles réglementations ? A mon avis, a peu près autant que les pétroliers respectent la réglementation concernant les dégazages. Il faudra certainement frapper très fort ceux qui seront pris en train d'enfreindre le règlement. Le rejet de poissons en mer laisse des traces, même si elles ne sont pas aussi durables que les traces de pétrole.

Cordialement
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Messagede nonal » Lun Fév 18, 2008 8:54 pm

Merci pour les précisions...

Après lecture de l'article, j'ajouterai juste qu'il faudra aussi être sûr que les fonds de chalut ne seront pas "payés" plus que le prix du transport, sans quoi un effet inverse pourrait aussi apparaitre... le commerce de la "gouaille". Je m'explique, si les fonds de chalut ont une "valeur" autre que le prix du gasoil, l'industrie de traitement de ces poissons (revalorisation) provoquera un "cours" -> l'offre et la demande... dès lors, le système restera le même, débarquements non contrôlés au plus offrant donc trafic sur les volumes, etc.

Pas facile tout ça :?

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