de nonal » Jeu Sep 25, 2008 9:36 am
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" Les gendarmes ont procédé la semaine dernière à quatre interpellations, deux plaisanciers et deux commerçants. Un cas parmi d'autres.
Depuis la fin de semaine dernière, plaisanciers et pêcheurs professionnels ne parlent que de ça sur les cales de la côte de Granit rose. Jeudi matin, les gendarmes maritimes de Brest ont interpellé deux plaisanciers de Ploumanac'h suspectés de vendre leur pêche (lire dimanche Ouest-France du 21 septembre). Les acheteurs potentiels, un poissonnier et un restaurateur, ont également été placés en garde à vue, « pendant une matinée », précise le parquet. « Nous poursuivons les auditions », indique le capitaine Vincent Lemaître de la gendarmerie maritime.
Planques et filatures
Les investigations ont pris un an et demi. Une durée assez longue « car nous devions rassembler un maximum de preuves sur ce trafic saisonnier. Nous avons effectué des planques, des filatures, épluché les comptes ». Selon l'officier de gendarmerie, les affaires de vente illégale de poissons sont « de plus en plus fréquentes. Nous travaillons déjà sur un autre réseau en Bretagne. Peut-être qu'il y a eu un peu de tolérance à une certaine époque ». Ce délit est passible de peines allant de deux à cinq ans d'emprisonnement.
Comme dit Yannick Hémeury, président du comité local des pêches de Lannion-Paimpol, qui se portera partie civile dans cette affaire, ce type de vente illicite « est de notoriété publique. Elle porte préjudice à notre profession en faisant chuter les cours du poisson ». Dans l'affaire perrosienne, le commerce portait essentiellement sur du bar de ligne. Alors qu'en criée, il se vend entre 18 et 20 € le kilo, son coût est estimé entre 12 et 15 € au marché noir. Pour le parquet, le problème est « endémique sur toute la côte. Pour un ou deux plaisanciers ou professionnels qui se font coincer, une dizaine continue. Ces pratiques sont est assez courantes mais difficile à débusquer ». Dans le département, les cas traités par la justice sont rares. « Il y a eu les procès retentissants de ventes de coquilles Saint-Jacques. »
Dans le milieu, c'est l'omerta. « Il arrive qu'un plaisancier fasse un gros coup de pêche. S'il touche une petite retraite et qu'il vend à ses voisins, c'est toléré. Mais ceux qui en font un commerce sont très minoritaires », observe un plaisancier du coin.
Des plaisanciers « pas dans le besoin »
A Ploumanac'h, le profil des supposés fraudeurs étonne. « Ils sont en retraite et naviguent sur des grosses vedettes. Ils ne doivent pas être dans le besoin. » Les gendarmes ne donnent pas de quantité exacte, mais précisent que la vente « se faisait par caisse ». En sachant qu'une caisse peut contenir au moins une vingtaine de kilos de marchandises... « Ils n'ont pas écoulé des tonnes, mais quelques kilos de façon régulière », précise François Dresen, le substitut du procureur de Guingamp.
Du côté de la fédération française des plaisanciers, Jean Kiffer, le président perrosien, condamne et parle « de brebis galeuses. Ces gens ne font pas partie de notre fédération ». Il est tout de même conscient que le ver est dans le fruit. « Sur un millier de bateaux dans les ports de Perros, les plaisanciers qui vendent leur pêche se comptent sur les doigts des deux mains. Ce sont des habitués du secteur, de bons pêcheurs ».
Marquer les poissons ?
Mais il refuse de stigmatiser Perros-Guirec. « Cette pratique scandaleuse est très répandue. Dans le midi, les quantités vendues au noir sont beaucoup plus importantes. » Il l'explique plutôt par la convention sur la vente illégale du poisson signée en 2005 dans le département par les pêcheurs professionnels, les plaisanciers, les restaurateurs et les autorités. « L'administration peut plus facilement poursuivre vendeurs et acheteurs. »
Même si la pêche des plaisanciers reste marginale, « environ 1 % des pêches, un peu plus pour le bar », selon Jean Kiffer, la vente illégale a été abordée lors du Grenelle de l'environnement. Marquer les nageoires des poissons sortis par les plaisanciers est une solution avancée. Une marque indélébile qui permettrait de coincer acheteur et revendeur en flagrant délit."
David DÉSILLE.