La gestion de la pêche de loisir

[Hippolyte]

Plutôt que de recomposer un message, je recopie un extrait de ce que j'ai fait paraître dans le livre d'or du CBE. Le sujet nous concerne tous.


Nous sommes tous d'accord sur le fait que la situation des ressources halieutiques est fortement évolutive et que seule une surveillance attentive et continue des stocks peut permettre de prendre rapidement les mesures indispensables à leur maintien. C'est entre autres le cas pour un poisson qui nous est cher : le bar. Nul ne peut contester non plus que les prélèvements effectués par les pêcheurs de loisirs sur les stocks de bar sont loin d'être négligeables, même si leur évaluation exacte est actuellement impossible. Or, les scientifiques ont besoin de connaître avec précision la mortalité générale par pêche (professionnelle et de loisir), aux différents âges du poisson, pour pouvoir évaluer avec précision l'état de santé de son stock. Aucun de nous ne voudrait qu'une mauvaise estimation de l'état des stocks de bar empêche de prendre les mesures nécessaires à leur conservation !

Il n'y a pas trente-six solutions : pour connaître avec précision la mortalité par pêche du bar, il faut que les captures des pêcheurs de loisir soient enregistrées, tout comme celles des professionnels. Soit dit en passant, il y a aussi beaucoup de progrès à faire dans l'évaluation des mortalités imputables aux pêcheurs professionnels, dans la mesure où beaucoup d'études ne prennent en compte que les quantités débarquées et enregistrées, ce qui néglige de façon outrancière les quantité débarquées non enregistrées et surtout les énormes quantités rejetées en mer (poissons hors quotas ou sous taille légale).

Ca ne nous coûtera pas cher de montrer l'exemple. En fait, il suffirait pour cela d'instaurer un permis qui s'accompagnerait d'un carnet de captures nominatif à remplir obligatoirement, immédiatement après mise à mort de tout poisson capturé. Sans ce permis et sans ce carnet, il serait impossible de conserver le poisson pêché mais la pratique du "no kill" pourrait fort bien être autorisée sans ce permis. Le prix du permis pourrait être adapté à la durée de son attribution (hebdomadaire, mensuelle ou annuelle), à l'âge du pêcheur (moins ou plus de 15 ans) et au type de pêche pratiqué (du bord ou en bateau). Pour que la quasi-totalité des captures nationales puissent être prise en compte, il suffirait qu'une partie importante du prix du permis soit remboursée à ceux qui rendent leur carnet à expiration de celui-ci. Je pense qu'en remboursant environ les trois quarts du prix du permis, on conduirait pratiquement tout le monde à rendre son carnet. A part l'étourderie, je ne vois pas ce qui pourrait inciter quelqu'un à ne pas le faire. L'argent gardé par l'administration sur le prix du permis servirait à payer ceux qui auront à gérer le contrôle et l'analyse des carnets. A chaque type de permis correspondrait un quota de poissons pouvant être conservé (c'est la fameuse limitation des captures que j'évoquais par ailleurs).

Compte tenu du remboursement des trois quarts du prix du permis, je pense que les prix des différentes catégories pourraient s'échelonner entre 20 euros pour un permis d'une semaine d'un pêcheur de moins de 15 ans pratiquant depuis le bord (je rappelle qu'on lui rendra 15 euros !) et jusqu'à 400 euros pour un permis d'un an d'un adulte pêchant en bateau (je rappelle qu'on lui rendra 300 euros !).

C'est là la solution la plus complète mais également la plus lourde qu'il est possible d'imaginer. Dans mon esprit, elle n'est acceptable que si de l'ordre est également mis dans les pratiques de la pêche professionnelle. Les rejets en mer doivent par exemple être interdits pour les techniques qui ne permettent pas la survie des espèces rejetées (c'est le cas du chalutage). La FAO et l'UE, qui sont conscientes du problème, ont déjà proposé des formes de valorisation des produits qui auront échappé au rejet (dans certains cas, ça représente plus de 30 % du total des captures).

D'autres solutions, moins lourdes que celle que je propose ici, pourraient également permettre d'évaluer et de réguler la pêche de loisir.


Cordialement