Le poisson ne se vend pas, mais on continue de le pêcher... partout en Europe. Au moins mal on le congèle, au pire on le détruit, et le peu qui se vend est soumis à une rude concurrence, alors c'est la course à l'échalote...
"plus j'en aurai et plus j'aurais de chance d'en vendre un peu, et ce qui sera foutu en l'air... on s'en fout !"
40 tonnes de St Jacques détruites la semaine dernière... détruites car distribuées aux consommateurs elles auraient fait chuter d'autres ventes... alors on détruit mais on empêche pas la pêche... normal non ? Faut bien que le pêcheur brule du gasoil, passe des heures en mer à payer du personnel compétent qui prend des risques, prélève en masse dans des ressources que l'on essaye de contrôler, s'en occupe une fois à bord, puis à terre, le mette en vente à la criée, une fois, puis deux, et enfin, étape ultime, fasse appel à un écarisseur à qui il va payer 0.22 € du kilo pour qu'il DETRUISE le produit de sa pêche.
On va nous dire qu'il faut que la filière vive... normal. Vous dans votre taf, vous seriez prêts à fabriquer à vos frais, durant des heures un produit pour, au final, payer quelqu'un pour qu'il le détruise ? Juste pour faire fonctionner votre entreprise et vos fournisseurs ?? Sacrosaintes subventions et allocations, prions pour vous !
Dans le même temps un fileyeur étranger est arraisonné au large de Lorient avec des tonnes de merlus capturées illégalement dans nos eaux.
P'tète que je suis débile, certains le pensent sûrement, mais j'ai de plus en plus de mal à cerner les intérêts de chacun. Pêcheurs pros, autorités et gouvernement. On se regarde, dans le blanc des yeux, mais on oublie pas de mettre une bonne paire d'oeillères biens larges pour ne pas voir les *équences de tels actes sur les ressources. PITOYABLE !
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Ce matin dans Ouest France :
"Le poisson ne nourrit pas son pêcheur
Du bar et de la sole congelés, des coquilles, du lieu jaune détruits... Les produits de la mer sont touchés par la crise de consommation.
Trente tonnes de bar de chalut débarquées, hier matin, à la criée de La Turballe, en Loire-Atlantique. Seulement sept ont trouvé acquéreurs. Vingt-trois tonnes ont été congelées par l'organisation de producteurs, en attendant des jours meilleurs. La mévente de la coquille Saint-Jacques, la semaine passée, n'était pas un cas isolé. Un peu partout, la chute de la consommation fait trembler les criées, depuis dix jours.
Coup de froid sur la sole
« Le poisson se vend aussi bien qu'une côte de porc à la sortie d'une mosquée, se désespère l'un des plus gros mareyeurs du Guilvinec, le port du Finistère. Je n'ai pas de client. Il y aura 120 tonnes de marchandises dans les criées de la région, ce jeudi. Je n'achèterai pas un kilo. »
Déjà, hier, de la sole a été congelée : sept tonnes au Guilvinec, deux à Lorient. Cela coûte cher. Déjà, à Port-en-Bessin et Cherbourg, en Basse-Normandie, trois tonnes de dorade grise et une tonne de lieu jaune ont été détruites. Après quarante tonnes de coquilles, la semaine dernière.
Quand les pêches sont abondantes pendant les vacances d'hiver, il est normal que les prix chutent. Même les anciens ne se souviennent pas d'avoir un tel recul depuis la crise de 1993-1994, particulièrement sensible en février.
On n'en est pas encore là, mais il y a des similitudes. Certes, l'euro empêche des dévaluations « compétitives » de la lire et de la peseta, comme en 1993. Mais les monnaies britanniques et islandaises sont au plus bas, favorisant les exportations de ces pays.
Les pêcheurs du sud de l'Angleterre proposent du lieu jaune à 1,30 € le kilo, quand le prix minimum français ¯ ditde retrait ¯ est de 2,60 €. Les Polonais livrent du filet de cabillaud à 4 € le kilo, rapportent les mareyeurs. Même pas la moitié du prix français.
Les armateurs dénoncent aussi les équipages immigrés sous-payés qui permettent à l'Écosse de baisser ses tarifs. Enfin, c'est en Espagne, meilleur client des pêcheurs français, que la consommation s'effondre le plus brutalement.
À nos étalages, il n'y a pas encore de baisse significative pour doper la consommation : le prix payé au marin ne représente que la moitié, parfois le quart, de l'étiquette du détaillant.
Si la situation durait, il faudrait peut-être baisser les prix de retrait. Mais là, c'est le pêcheur qui ne s'en tirerait plus. Jusqu'à présent, il a fait le gros dos grâce à un carburant pas cher et des pêches abondantes. Cela ne durera pas.
Raymond COSQUÉRIC."