Suivant les recommandations de la FAO, la Commission Européenne a enfin décidé de prendre des mesures pour lutter contre les rejets en mer. Elle vient d'être récemment approuvée sur ce point par le Parlement Européen. Plus rien ne semble donc pouvoir s'opposer à la mise en place progressive de ces mesures. De quoi s'agit-il ?
Les rejets sont la *équence des réglementations administratives qui limitent actuellement les débarquements de poissons : limitations en quantité (quotas annuels, hebdomadaires…) et limitations basées sur la taille des poissons (tailles minimales de capture).
Il y a tout d'abord un problème de langage qu'il faut clarifier pour ce qui concerne la pêche professionnelle en bateau. En français, on parle de taille minimale de capture alors même que ce n'est pas la capture qui est limitée mais le débarquement. Les Anglais utilisent un terme beaucoup plus adapté à la pêche professionnelle : celui de minimum landing size (MLS), qui veut bien dire, littéralement, "taille minimale de débarquement".
Entre la capture et le débarquement a lieu une opération qui ne bénéficie ni à la ressource ni à l'Homme : le rejet en mer.
Un voile pudique a longtemps été jeté sur cette pratique des rejets. Les marins-pêcheurs n'étaient pas particulièrement fiers de ce qu'on les obligeait de faire. Les administratifs se contentaient d'une mesure facile à appliquer. Les associations d'écologistes et de pêcheurs étaient contents de ne voir sur les étals que des poissons qui faisaient la taille légale ! Et pendant ce temps là, tous les jours, des dizaines de tonnes de poissons étaient rejetées, morts, à la mer. Ni vu ni connu ! Couvrez ce sein que je ne saurais voir !
Les rejets en mer vont être progressivement interdits. De nombreuses mesures d'accompagnement seront nécessaires dont on aura l'occasion de reparler. Cela veut dire que, pour une espèce donnée, tous les individus, même les plus petits, seront conservés et débarqués. Il sera seulement interdit de commercialiser ceux qui ne font pas une taille minimale. On redécouvre ainsi une expression jadis utilisée : la taille minimale de commercialisation.
On l'aura compris, il faudra réglementer sévèrement les pratiques qui conduisent à la capture de poissons sous taille minimale de commercialisation. Cependant, même en développant des techniques plus sélectives que celles d'aujourd'hui, on n'empêchera jamais que de petits bars soient capturés avec de gros bars, dans des chaluts à larges mailles, ou que de petits bars soient capturés comme espèce accessoire, dans des filets à petites mailles destinés à d'autres espèces.
Je prends l'exemple du bar parce que nous y sommes particulièrement sensibilisés. Tous les petits bars capturés finiront donc ainsi au rebut, pour nourrir des poissons d'élevage, par exemple, ce qui n'est pas plus mal que de finir en nourrissant les mouettes ou les bactéries qui décomposent les matières organiques.
Augmenter la taille minimale de commercialisation du bar reviendra alors à augmenter les quantités mises au rebut. J'aimerais qu'on réfléchisse bien à ce dernier point.
Il faudra surtout s'informer sur les mesures proposées et ne pas s'amuser à les caricaturer stupidement. Il est bien évident, par exemple, que toutes les techniques ne seront pas réglementées de la même façon. Le rejet ne sera certainement pas proscrit pour les techniques qui respectent l'intégrité du poisson capturé (pêche à la ligne traînante par exemple).
http://ec.europa.eu/fisheries/press_cor ... _15_fr.htm
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